Une histoire loufoque et révélatrice, pas une première d'ailleurs, sous une forme un peu différente (lien avec Jean Baptiste Botul). Un prof (calé du net), pour piéger ses étudiants, inventa de toutes pièces un personnage littéraire du 17ième, une certaine Marquise Aurore de Léthé -"oubli" en grec, il avait codé son nom sans que personne ne s'en aperçût- injustement "oubliée", écrivain remarquable pourtant et muse de nombreux poètes dont l'un lui aurait dédié une ode qui à l'époque aurait fait scandale tant par sa teneur que par la forme très libre de sa versification... ainsi donc Jolard, Clauder et toute la vieille garde l'avaient éreintée tandis que des auteurs plus courageux comme Michelis, âprement -mais sans succès- défendue.. Ce ne fut pas moins que la naissance d'un éphémère mouvement libertaire qui un siècle après avec les "lumières" conféra à la littérature et même à la poésie un sens qui etc.. bien que tant l'Ode que la Marquise fussent trop souvent ignorés des manuels littéraires (!) par la suite etc etc... Le portrait d'une anonyme fit l'affaire, la muse avait même un visage, une histoire et un engagement, féministe bien sûr. Il était donc essentiel lorsqu'on se targuait de culture ou de féminisme, de ne pas oublier cette figure qui... etc..
Pour lui donner corps, il supposa que la belle Aurore était morte à 29 ans, mise à l'écart par la "cabale" au point que personne ne se souvenait d'elle le siècle suivant. Le net inondé de fausses références volontairement floutées, il donna à ses étudiants un devoir sur la poétique au 17ième et go... tous sans exception mentionnèrent fidèlement la belle Marquise, son essai (!) et l'Ode aux yeux d'or dont les plus culottés firent même une critique élogieuse, "une novation libertaire qui avait été à l'origine du renouveau de".. etc.. (!).. une "Ode" qui n'existait pas plus que la muse pour qui elle aurait été écrite, un auteur qui n'existait pas davantage et un "mouvement" totalement fabriqué.
Il avait atteint son but: montrer qu'entre culture, snobisme, cuistrerie et imposture, on est sur le fil du rasoir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire